Cette nouvelle livraison de Mens. Revue d’histoire intellectuelle et culturelle réunit trois études qui abordent, tour à tour, la problématique de la mémoire, celle des réseaux de sociabilité et celle des transformations idéologiques qu’a connues le Canada français pendant la seconde moitié du XXe siècle.
Sous la rubrique « Perspectives », Louise Bienvenue nous offre une réflexion percutante sur la transformation du collège classique canadien-français en « lieu de mémoire ». L’auteure soutient que le souvenir souvent idéalisé que conservent du collège classique certains acteurs, qui voient en lui le dépositaire de la culture, du savoir et des humanités classiques, correspond surtout à la forme qu’il a prise au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, l’institution s’étant considérablement transformée au fil du temps.
L’article de Dominique Marquis, pour sa part, porte sur la mobilisation du réseau ultramontain, à la fin du XIXe siècle, autour du journal La Vérité de Jules-Paul Tardivel. L’auteure, comme elle l’explique elle-même, s’intéresse non pas au contenu idéologique du journal, mais plutôt à sa structure en tant qu’entreprise de presse. Confronté à de nombreuses difficultés financières, fonctionnant le plus souvent avec les moyens du bord, un journal de combat comme La Vérité éprouvera beaucoup de mal à se maintenir à flot au moment où la presse d’information semble en passe de repousser la presse d’opinion à la marge.
Enfin, l’étude de François-Olivier Dorais sur l’œuvre intellectuelle de l’historien Gaétan Gervais nous plonge au cœur des mutations intellectuelles qu’a connues l’Ontario français à partir des années 1960. Originaire de Sudbury, professeur à l’Université Laurentienne de 1972 à 2008 et concepteur du drapeau franco-ontarien, Gervais a apporté une contribution remarquable au débat franco-ontarien en tentant de concevoir l’expérience historique et le destin de l’Ontario français dans la continuité du projet national canadien-français, tout en s’adaptant aux transformations qu’il a subies pendant et après la Révolution tranquille.
Bonne lecture!