Retour vers le futur, ou la tentation de la révolution permanente

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Le dernier numéro de l’excellente revue d’idées et d’essais Argument vient de paraître et contient notamment un dossier intitulé « La Révolution tranquille et nous » dans lequel vous trouverez un texte de ma plume et s’appuyant sur mon expérience en classe l’automne passée. En voici l’introduction.

J’ai grandi à l’ombre de la Révolution tranquille. Ambiguë, cette locution, « à l’ombre de », peut vouloir dire que l’événement m’a privé de lumière, me laissant dans la noirceur. Elle peut également signifier que cette ombre m’a offert une certaine protection, qu’elle a créé un environnement propice à ma croissance. Dans cet essai, qui relève en partie de l’égo-histoire, je me penche sur cette ambivalence, sur ce caractère paradoxal de mon rapport à la Révolution tranquille. Afin d’éviter les excès de narcissisme, j’ai toutefois décidé de profiter du contexte dans lequel j’écris ce texte. En effet, ce semestre, j’ai le plaisir de donner un cours consacré à l’histoire du Québec au XXe siècle. M’inspirant de l’historien Jocelyn Létourneau, qui aime bien ausculter la conscience historique des jeunes Québécois[1], j’ai proposé à mes étudiants de participer indirectement à la rédaction de ce texte en m’offrant leurs propres réflexions sur la question. La semaine précédant la séance consacrée à la Révolution tranquille – donc en pleine Grande noirceur ! – ils m’ont remis de courts textes où ils répondent à certaines des questions soulevées dans l’appel de texte d’Argument. C’est donc non seulement comme citoyen et historien que j’aborde ici mon rapport à la Révolution tranquille, mais aussi comme professeur, « ces êtres qui vieillissent devant des classes qui ont toujours le même âge »[2].

[1] Jocelyn Létourneau, Je me souviens. Le passé du Québec dans la conscience de sa jeunesse, Montréal, Fides, 2014, 256 p.
[2] Benoît Melançon, Le niveau baisse ! (et autres idées reçues sur la langue), Montréal, Del Busso éditeur, 2015, p. 15.

Une réflexion sur “Retour vers le futur, ou la tentation de la révolution permanente

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