Demain, dans le cadre d’une journée d’étude organisée par la SOPPOQ sur le thème « Les années 1950: une époque glorieuse? », j’aurai le plaisir de présenter une communication sur la façon dont le rêve suburbain est mis en marché auprès des francophones de Montréal durant cette décennie.
Lorsqu’on pense à l’Amérique du Nord des années 1950, un des lieux de mémoire qui s’imposent immédiatement à l’esprit est sans contredit la banlieue. Le phénomène suburbain n’est pas une nouveauté à l’époque – il prend naissance dans la deuxième moitié du 19e siècle –, mais c’est durant cette décennie qu’il se déploie de manière spectaculaire, à la fois dans l’espace et dans l’imagination. La suburbanisation est rapidement mise en scène au cinéma et dans des séries télévisées, analysée et critiquée par des journalistes et des sociologues, mise de l’avant dans des publicités ou des politiques. Elle s’impose comme un phénomène majeur des « Trente glorieuses ».
Malgré la prépondérance des représentations américaines de la banlieue, le Canada n’échappe pas à cette vague. En 1953, le nombre de nouvelles maisons construites au pays atteint les 100 000 unités et ira en augmentant rapidement. Entre 1945 et 1952, le nombre de voitures sur les routes canadiennes double, dépassant les 4 millions à la fin de la décennie. Cela dit, lorsqu’on arpente la géographie mémorielle de la « Belle province » durant cette période, la banlieue se fait plutôt discrète, cadrant mal, avec ses bungalows fraichement construits, ses pelouses vertes et ses voitures chromées, avec les différentes déclinaisons du récit de la « Grande noirceur ».
Dans cette communication, je proposerai une réflexion sur les façons dont la banlieue d’après-guerre est mise en marché au Québec au cours des années 1950. J’ai procédé à un dépouillement ciblé de grands quotidiens francophones montréalais durant la décennie 1950, me concentrant sur les années 1951, 1955 et 1959. Je me suis intéressé aux publicités proposant aux lecteurs des maisons dans des subdivisions surburbaines sur l’île et dans sa région, mais également à celles qui utilisent clairement la banlieue comme décor pour vendre d’autres produits. En me penchant sur les journaux montréalais et leur contenu publicitaire, j’espère montrer dans quelle mesure et de quelle façon le rêve suburbain nord-américain est diffusé au sein de la société québécoise, et comment cette expérience se mesure à l’échelle du continent.